Ça y est, nous l’avons fait ! Le premier temps fort de notre association, pensé de A à Z par notre jeune équipe de passionnés s’est déroulé et même plutôt bien déroulé les 30 et 31 novembre derniers.

Le 30 novembre, nous sommes allés philosopher avec les habitants de Poitiers sur le marché des Couronneries le matin et place Notre-Dame l’après-midi. Nous étions accompagnés par Laurence Bouchet, ancienne professeure au Lycée et maintenant philosophe praticienne qui sillonne les routes de France à bord de sa Philomobile pour aller dialoguer avec les personnes rencontrées.

Ainsi, aux Couronneries et dans le centre-ville de Poitiers, nous avons fait la connaissance de

nombreuses personnes : des enfants, dont un qui se demandait ce que signifiait « demander

pardon » après une dispute avec son frère. De jeunes adultes étudiants qui ont confié qu’ils se mettaient beaucoup de pression pour réussir leurs études et qui, aidés par le questionnement philosophique, ont pensé le double aspect de l’excellence, à la fois moteur puissant pour atteindre ses objectifs mais qui, poussée trop loin, peut aussi enrayer la machine et bloquer le mouvement, la créativité et même l’envie. Mais aussi des adultes qui ont posé des questions sur la possibilité ou non de rester optimiste dans un monde troublé, ou encore sur la différence entre la transmission et l’éducation.

Parfois aussi, le questionnement philosophique a permis à certains passants de se regarder en train de penser (ou de ne pas penser). C’est ainsi qu’un homme, très en colère sur à peu près tout (la politique, l’éducation, l’économie, la famille…), a pris conscience de cette colère après que la philosophe lui ait suggérée de la regarder à l’œuvre. Après avoir fait ce pas de côté pour voir sa colère, il a pu voir que cette dernière avait plutôt tendance à l’empêcher de penser dans sa vie. Il est reparti avec le sourire.

Le 31 novembre, jour d’Halloween, cette fête rituelle qui témoigne de la tentative humaine de prendre en charge la peur de la mort et le passage entre le monde des vivants et des morts, nous avons organisé « la journée des ateliers philo », au tiers-lieu des Feuillants.

Toute la journée, les enfants, adolescents ou adultes ont défilé pour venir réfléchir à partir des activités que nous avions pensées pour eux.

Ils ont ainsi pu réfléchir aux « Six Trouilles » humaines en jouant à « La Phil’aventure », un jeu coopératif permettant de penser les grandes peurs humaines.

Ils ont également pu engager leur créativité aux côtés de leur intellect en réfléchissant au subtil mélange des émotions, puis en créant un masque en lien avec cette réflexion.

D’ailleurs, un groupe d’enfants a participé à un atelier cherchant à amener des éléments de réponses à la question : « Pourquoi se déguise-t-on ? »

Des livres effrayants étaient laissés à disposition de celles et ceux qui aiment réfléchir dans leur for intérieur.

En outre, les plus actifs d’entre eux ont joué au « Chamboule tes idées » dont le principe est le suivant : il faut lancer une balle et viser des emplacements. En cas de réussite, le participant s’empare d’un papier plié dans l’emplacement visé et sur lequel est inscrite une affirmation. Il s’agissait alors de dire si plutôt on était d’accord avec cette affirmation ou plutôt non, tout en argumentant pour « muscler » son choix.

Enfin, les participants ont animé des marionnettes auxquelles ils prêtaient également leur voix dans une saynète qui les faisait dialoguer avec « la chouette qui avait perdu sa peur ».

En fin de journée, Laurence Bouchet a tenu une conférence durant laquelle elle a présenté sa vision de la philosophie ainsi que la manière dont elle a imaginé un projet de philosophie véritablement populaire, pour « rendre la philosophie à tous ».

Elle a également proposé d’animer un atelier philosophique improvisé, avec des volontaires afin de montrer concrètement comment se déroulent ces temps de réflexion philosophique. Cela a permis d’appuyer l’idée d’une « philo pour tous », accessible même à celles et ceux qui n’ont aucun bagage théorique dans ce domaine.

Comble du sort, nous avons appris que le 31 octobre au soir avait eu lieu une fusillade sur la place des Couronneries où nous étions la veille. Cela nous a attristés mais a également renforcé notre désir et notre volonté de poursuivre ces actions que nous menons.

À bientôt donc pour de nouvelles aventures philosophiques !